Interview – Brenda Chapman, scénariste de Rebelle.

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En janvier 2012, le Pixar-Planet a pu interviewer Brenda Chapman, la scénariste de Rebelle. Découvrez son métier au sein des studios d’animation Pixar.

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Son parcours.

Qu’est-ce qui est à l’origine de votre engouement pour le cinéma d’animation ?

J’adorais aller au cinéma et regarder les vieux films Disney. Et tous les jours, après être rentrée de l’école, je regardais des dessins animés Bugs Bunny et Warner Bros qui passaient sur la chaîne locale. Ils passaient aussi pas mal de Tex Avery. Je les adorais tous ! Je ne me rendais pas compte étant enfant que quelqu’un les créait : je pensais simplement qu’ils « existaient ». Dès ma petite enfance, lorsque j’avais l’âge de tenir un crayon, j’adorais dessiner. Je dessinais tous les jours après l’école (et pendant les heures d’école, lorsque les professeurs ne regardaient pas), pendant que je regardais les dessins animés. L’idée a germé dans ma tête lorsque, au lycée, je suis allée voir un film d’animation et que j’ai vu le générique. J’ai compris que des artistes créaient ces films, et que c’était ce que je devais faire. Il n’y avait aucun doute. C’était un choix naturel pour ma part.

Il y a près de vingt ans vous signez les scénarios de deux gros succès de Disney (Le Roi Lion, La Belle et la Bête), comment avez-vous vécu ce succès mondial qui perdure toujours ?

Je n’ai pas écrit les scenarios. J’étais artiste de storyboard sur La Belle et la Bête, et j’étais responsable du scénario sur Le Roi Lion. J’ai beaucoup écrit pour les deux films, toutefois. Les artistes de storyboard écrivent en plus de raconter visuellement l’histoire. J’étais aux anges lorsque La Belle et la Bête a obtenu sa nomination aux Oscars. C’était merveilleux de faire partie d’un moment cinématographique si historique. Le Roi Lion fut une surprise totale ! Lors de la production, nous n’arrêtions pas de nous dire : « est-ce qu’il y aura, à l’époque actuelle, la moindre personne qui voudra aller voir un film avec une bande d’animaux qui parlent ? » ET EN PLUS on nous voyait comme le projet « B » ! Nous étions donc vraiment stupéfaits lorsque le film a tellement cartonné ! Nous étions une équipe très jeune, la plupart des vétérans travaillaient sur le film « A » : Pocahontas. Le Roi Lion a permis à beaucoup d’artistes de faire un grand bon dans leurs carrières. Je suis ravie qu’après toutes ces années, et suite à sa sortie en 3D, Le Roi Lion suscite encore tant d’engouement. J’en suis très fière.

En 1998 vous devenez réalisatrice chez Dreamworks avec Le prince d’Egypte, pourquoi avoir choisi de passer du scénario à la réalisation ?

En réalité, je suis arrivée chez DreamWorks début 1995. Jeffrey Katzenberg s’est familiarisé avec mon travail sur Le Roi Lion parce que j’étais superviseur de l’histoire. Il m’a demandé de venir l’aider à lancer DreamWorks. Je pensais que j’allais mettre en place le département scénarios, mais il m’a ensuite demandé de réaliser Le Prince d’Egypte. C’était un assez grand honneur, mais il fallait que j’y réfléchisse : c’était un grand pas pour moi. Je me sentais bien à travailler sur les scénarios. Mais j’élaborais Le Prince d’Egypte sans réalisateur depuis plusieurs mois, et j’ai compris que j’éprouvais un sentiment de possession vis-à-vis du film. J’ai donc accepté de le réaliser. Pour moi, la réalisation signifie pouvoir mettre davantage ma vision des choses dans une histoire, au-delà du scénario et des storyboards.

Pixar.

2003 marque votre arrivée chez Pixar. Comment en êtes-vous venu à travailler pour ces studios ?

J’ai reçu un appel d’un ami très cher, le regretté et merveilleux Joe Ranft, qui m’a demandé de venir travailler avec lui sur Cars. Il disait avoir besoin d’aide dans la création des personnages féminins. Nous avions travaillé ensemble des années auparavant chez Disney, et nous nous estimions beaucoup professionnellement, en plus d’être de bons amis. Bien que je sois arrivée trop tard pour vraiment laisser une empreinte sur Cars, l’expérience m’a familiarisée avec le processus de création « Pixar ».

Comment se déroule la conception d’un scénario d’un film d’animation chez Pixar ?

Tout est une histoire de personnage, puis d’intrigue. La plupart des idées de films que Pixar propose proviennent du réalisateur. Il y a donc un véritable lien qui se crée avec les personnages et l’histoire, à la différence d’autres studios qui font appel à des réalisateurs qui vont travailler sur des scénarios que le studio a conçu. Chez Pixar, toutes les productions sont aussi des histoires originales. Grâce aux histoires originales, on obtient des personnages originaux. Les personnages sont le moteur de l’histoire. Le décor et l’intrigue doivent mettre en valeur l’identité de ces personnages. Les histoires originales sont les plus difficiles à écrire, car on ne dispose d’aucune trame préétablie par une œuvre connue, comme un livre ou un célèbre conte de fées, etc. Je me suis lancée dans un genre que j’adorais, des personnages inspirés de personnes fortes qui font partie de ma vie, et je suis allée instinctivement de l’avant.

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Pixar est connu pour son ambiance de travail très décontractée. Cela vous a-t-il aidé pour votre créativité ?

Je crois que Pixar est réputé pour son ambiance « fun », mais tout le monde là-bas travaille très dur sur les films en production. C’est beaucoup de passion, d’esprit d’innovation, et un désir ardent de produire un grand film sans pareil. Je ne qualifierais pas forcément l’ambiance de « détendue ». Les gens aiment leur travail parce qu’ils savent qu’ils pourront en être fier une fois le film terminé. Cela m’a été d’une TRES grande aide pour la poursuite de mon projet !

Etre scénariste et à la fois réalisatrice n’est-il pas trop difficile à concilier ?

Faire les deux n’est pas chose aisée, mais je bénéficie d’un plus grand contrôle sur l’histoire si j’écris et réalise à la fois un film. J’ai cependant constaté que les contraintes de temps, de même que le fait de vouloir deux personnes que j’estimais plus douées pour l’écriture humoristique que moi (Irene Mecchi et Steve Purcell), constituaient des raisons tout à fait légitimes pour se partager l’écriture de Rebelle. La réalisation demande un temps fou, et la Pixar Brain Trust exige que tous leurs scénarios soient remaniés jusqu’à la toute dernière minute précédant la sortie du film. Brad Bird a brillamment réussi dans ce domaine. D’autres réalisateurs estiment qu’il est plus productif de passer son temps à la réalisation et laisser quelqu’un d’autre se charger de l’écriture, ou encore de se partager l’écriture, ce qui fut mon choix, en l’occurrence.

Le teaser diffusé cet été avait une ambiance assez sombre et avait beaucoup intrigué le public. Le trailer diffusé dernièrement montre plus d’humour mais le public fait beaucoup de comparaisons avec Dragons de Dreamworks. Que pouvez-vous dire pour rassurer les fans ?

Ce sont deux histoires bien différentes…C’est tout ce que je peux vous dire à l’heure actuelle.

Le futur.

A l’avenir, êtes-vous prévue sur un autre projet Pixar, que ce soit en tant que scénariste ou réalisatrice ?

Actuellement, je ne suis pas prévue sur un autre projet. Par contre je suis en train d’élaborer plusieurs idées de scénarios.

Merci à Brenda Chapman et Pixar Animation Studios pour cette interview.

Read the interview in English


In January 2012, Pixar-Planet was able to interview Brenda Chapman, screenplayer for the upcoming feature Brave. Learn more about what her job entails within Pixar Animation Studios.

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Career.

What sparked off your keen interest in animation?

I always loved to go to the movies and watch the old Disney films. And everyday after school I’d come home and watch Bugs Bunny/Warner Bros. cartoons that the local TV station played. They also played a lot of Tex Avery. Loved them all! I didn’t realize as a child that someone was creating these things – I just thought they « existed ». I loved to draw from early childhood – when I was old enough to hold a pencil. I drew everyday after school (and during school, when the teachers weren’t looking) while I watched the cartoons. The lightbulb went off in my head when I went to see an animated film in high school and saw the credits. I realized that artists were creating these films, and that was what I needed to do. There was no doubt. It was a natural choice for me.

Nearly twenty years ago, you wrote the screenplays of two Disney blockbusters (The Lion King, Beauty and the Beast). How did you experience this enduring worldwide success?

I did not write the screenplays. I was a story artist on Beauty and I was Head of Story on The Lion King. I did a lot of writing for both, however. Story artists write as well as tell the story visually. I was thrilled when Beauty received the Oscar nomination. It felt wonderful to be part of such a historical film moment. The Lion King was a complete surprise! We kept saying while we were making it, « Is anyone going to want to see a movie with a bunch of talking animals in this day and age? » AND we were considered the « B » project, so we really were amazed when that it did so incredibly well! We were a really young crew – most of the veterans were working on the « A » movie – Pocahontus. The Lion King gave a lot of artists a big move forward in their careers. I am thrilled that after its 3D release that The Lion King still holds so strong after all these years. I am very proud of it.

In 1998 you became a director at DreamWorks with The Prince of Egypt. Why did you choose to move from screenwriting to directing?

Actually I went to DreamWorks in early 1995. Jeffrey Katzenberg became more familiar with my work on The Lion King because I was the Story Supervisor. He asked me to come to help start DreamWorks with him. I thought I would be building his story department, but then he asked me to direct Prince of Egypt. It was quite an honor, but I really had to think about it – it was a big step for me. I was comfortable in story. But I had been developing Prince of Egypt without a director for a few months, and I realized I felt an ownership of the movie, so I agreed to direct. Directing to me is being able to put more of my vision into a story – beyond the screenplay and the storyboards.

Pixar.

2003 marked your arrival at Pixar. How did you come to work for these animation studios?

I had a phone call from my very dear friend, the late and wonderful Joe Ranft, asking me to come up and work with him on Cars. He said he needed help with the female characters. We had worked together years ago at Disney, and we had a high regard for each other’s work besides being good friends. Although I arrived too late to really make any impact on Cars, the experience made me familiar with the Pixar process.

How do you proceed at Pixar, when thinking up the storyline of an animated movie?

It’s all about character, then plot. Most of the films Pixar comes up with derive from the director. So there is a genuine connection to the characters and the story, unlike other studios that hire directors to work on stories the studio comes up with. All of the films at Pixar are also original stories. With original stories, you have original characters. The characters drive the story – the setting and the plot should enhance who those characters are. Original stories are the most difficult to create, since you don’t have a structure already set by a known piece of work, like a book or known faerie tale, etc. I moved forward with a genre that I loved, characters that were inspired by strong people in my life and moved forward on instinct.

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Pixar is renowned for its very relaxed working environment. Did this help you in your creativity?

I think Pixar is known for its « fun » environment, but everyone works very hard on the movies there. A lot of passion, innovativeness, and a strong desire to make a unique and great film keep everyone there focused. I’m not sure that I would call it a « relaxed » atmosphere. People enjoy their work because they know they can be proud of it when a film is done. I found that VERY helpful in pursuing my vision!

Is it not too difficult to conciliate being both a screenwriter and a director?

It’s not easy being both, but I have more control of the story if I both write and direct a film. However, I found that time constraints, as well as the fact that I wanted a couple of people whom I think were better at writing humor than me (Irene Mecchi and Steve Purcell) were perfectly good reasons to share the writing of Brave. Directing is incredibly time consuming, and the Pixar Brain Trust requires a lot of reworking of all of their stories until the very last minute before the film is released. Brad Bird was very successful at it – other directors find that it is better spent time to direct and let someone else do the writing – or share the writing, as was my choice.

The teaser trailer that was shown this summer had quite a dark atmosphere and intrigued audiences very much. The trailer that has recently been shown features more humour, but audiences are making a lot of comparisons with Dreamworks’ How to Train Your Dragon. What can you say to put fans’ minds at rest?

They are two very different stories… that is all I can say at the moment…

The future.

Are you scheduled on another Pixar project in the future, be it as a screenwriter or as a director?

I am not currently scheduled for another project, however I am developing some ideas.

Thanks to Brenda Chapman and Pixar Animation Studios.

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