Pixar et le plagiat.

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Plagiat (nom masculin singulier) : fait de copier une oeuvre en se l’attribuant.
Synonyme : usurpation, pillage, démarquage, contrefaçon.

Pixar a une force créatrice très impressionnante mais comme dans tout milieu artistique, extrêmement conséquent, le fait de retrouver deux histoires similaires sont très probables. L’occasion pour certains d’accuser Pixar de plagiat et de les traîner au tribunal. Qui a eu l’idée en premier ? Tel est le travail de la justice. Nous allons vous présenter quelques exemples.

Pixar / Dreamworks : la confrontation.

Quand Steven Spielberg décide de créer Dreamworks, deux studios d’animation vont alors s’affronter.

Le premier combat commence en 1998 entre 1001 pattes de Pixar et Fourmiz de Dreamworks. Deux films sur les insectes sortent à environ un mois d’intervalle, celui de Pixar étant après celui de Dreamworks. Voici leurs histoires :

« 1001 pattes » : Comme chaque année, les sauterelles viennent chercher leur dû auprès de la fourmilière de la Princesse Atta. Tilt, un inventeur aux idées farfelues, va mettre en péril la récolte. Il décide d’aller chercher de l’aide. Mais il ne sait pas que les mercenaires qu’il pense avoir trouvé sont en réalité une troupe de cirque.

« Fourmiz » : Z-4195, fourmi ouvrière, est amoureux de la belle princesse Bala. Simple numero parmi les milliards composant sa colonie, il n’a aucune chance d’attirer le regard de la belle. Pourtant il demande l’aide de son meilleur ami, la fourmi soldat Weaver, afin d’approcher l’élue de son coeur. C’est ainsi que par un caprice du hasard, il parasite involontairement le plan machiavélique de l’ambitieux général Mandibule qui veut tout bonnement liquider la colonie afin de la recréer à son image. Z se retrouve bientôt à la tête d’une révolution.

affiche fourmiz

 

Cependant, nous savons que les films d’animation mettent environ trois-quatre ans pour se faire, donc les deux projets se sont faits en même temps. Qui a eu l’idée le premier ?

En 1988, Disney travaille sur Army Ants, où une fourmi ouvrière pacifiste donne des leçons importantes à sa colonie sur leur façon de pensée très militaire. A l’été 1640, Joe Ranft et Andrew Stanton s’inspirent d’une fable d’Esope pour écrire le scénario de 1001 pattes. En août, John Lasseter présente le scénario à Disney. Le même jour de cette annonce, Jeffrey Katzenberg, le directeur de Disney, quitte le studio et part co-fonder…Dreamworks. Lasseter et Kazsengerb étaient amis et se rendaient visite dans leurs bureaux. Lasseter était ravi de voir un autre studio d’animation travailler avec des images de synthèses. Quand il découvre le scénario de Fourmiz, la tension grimpe entre les deux hommes, surtout que les sorties des deux films sont prévues pour la même année.

« Nous étions la chair à canon dans son combat contre Disney. » (John Lasseter).

Katzenberg fait alors une offre à Disney et Steve Jobs. S’ils décalent la sortie de 1001 pattes (qui devait sortir à la même période que Le Prince d’Egypte, de Dreamworks également), il arrête la production de Fourmiz. Disney refuse et Dreamworks dément cette affaire. Katzenberg réussit à sortir son film avant celui de Pixar et engrange 171 millions de dollars de recettes mondiales. 1001 pattes explose ce chiffre avec 363 millions de dollars.

tilt flik pixar disney personnage character 1001 pattes a bug life
affiche fourmiz

 

Les deux films ont le même univers mais pas le même style et des histoires différentes (malgré le personnage principal qui se dresse contre les autres afin de faire évoluer la société). Pixar a opté pour un style cartoon, des fourmis peu réalistes et des décors variés, tandis que Dreamworks a choisi le sérieux et des décors sombres peu diversifiés (souterrains principalement).

Nemo, Oscar et Pierrot.

2003 et 2004 sont les années respectives des sorties de Le Monde de Nemo de Pixar, et Gang de Requins de Dreamworks.

gang de requin affiche

« Le Monde de Nemo » : Depuis la mort de sa femme, Marin, un poisson-clown, est très protecteur envers son fils Nemo. Celui-ci pourtant n’hésite pas à s’approcher d’une barque sans faire attention au plongeur qui va le capturer. Marin, accompagné de Dory, un poisson à la mémoire défaillante, vont braver l’océan, à la recherche de Nemo.

« Gang de requins » : Oscar, un jeune poisson bavard et affabulateur, assiste accidentellement à la mort d’un dangereux requin. Il profite de la situation pour se faire passer pour un grand chasseur de squales. Mais il ignore que le requin en question était le fils de Don Lino, le chef des requins-gangsters.

Cette fois-ci, le plagiat n’est pas vraiment le terme à utiliser ici, tant les films n’ont rien en commun, à part l’océan. Cette fois-ci, le style visuel s’inverse comparé à leur confrontation précédente. Pixar fait un film beaucoup plus réaliste quand Dreamworks se lance dans la caricature et le cartoon.

Une nouvelle fois, Pixar l’emporte haut la main avec 867 millions de dollars au box-office alors que Dreamworks fait une sortie discrète et recueille 367 millions de dollars.

marin marlin monde finding nemo disney pixar personnage character
gang de requin affiche

 

Malgré cette confrontation, Pixar n’est pas à l’abri du plagiat. Franck Le Calvez, un auteur français, assigne Disney pour contrefaçon en raison de son livre Pierrot le poisson-clown.

En 1995, Franck Le Calvez dépose à la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) un scénario de film d’animation mettant en scène un poisson-clown. Devant les échecs à trouver une maison de production, il décide en 2002 de le publier en livre. Cependant, un an plus tard, Pixar sort Le Monde de Nemo.

pierrot affiche

« Pierrot le poisson-clown » : Pierrot le poisson-clown vit heureux avec ses parents et Rose, leur anémone protectrice … jusqu’à l’arrivée de Liona la rascasse. Chassée par Rose, Liona s’est promis de se venger et de manger la famille clown. Pierrot doit faire preuve de courage pour lui échapper. Heureusement Pierrot est aidé par de gentils poissons qu’il rencontre tout au long de ses aventures. Avec ses nouveaux amis, il découvre que la vie lui réserve de belles surprises.

Le plus troublant concerne le début des histoires. Les deux débutent dans une anémone où un enfant perd l’un de ses parents suite à l’attaque d’un autre poisson. Le reste du film diffère ensuite. Le Calvez demande, dans sa plainte contre Disney, le retrait à la vente des produits dérivés qui, selon lui, s’inspirent beaucoup de son personnage.

« On y retrouve les mêmes personnages secondaires avec un poisson chirurgien
et une crevette nettoyeuse. » (Frank Le Calvez).

Suite à la sortie du film, de nombreux libraires refusent la publication du livre de Le Calvez, l’accusant de plagier l’oeuvre de Disney. De son côté, Disney affirme que le film de Pixar est une production originale.

« La procédure intentée en France est totalement infondée, car « Le Monde de Nemo », une œuvre qui appartient à Pixar et Disney, est le fruit d’une création indépendante et ne porte atteinte à aucun droit d’auteur ou de marque. » (Disney).

Le 20 avril 2005, le Tribunal de Grande Instance de Paris déboute Le Calvez, jugeant que les histoires se ressemblent mais ne sont pas similaires. Il doit en plus de cela verser 38 000 euros de dommages et intérêts.

Un plagiat de jouets.

1995 est l’année de Pixar en sortant Toy Story. Lui aussi s’est fait plagier.

Dingo Pictures est une société allemande qui reprend des classiques du cinéma d’animation. En ayant déjà copié Le Roi Lion, Bambi et d’autres films de Disney, elle s’attaque à Toy Story.

affiche toy story poster Pixar disney
toys affiche

 

« Toy Story : Une fois qu’Andy n’est plus dans sa chambre, ses jouets prennent vie. Lors de son anniversaire, chacun redoute de se faire remplacer. Sauf Woody, le cow-boy et le jouet préféré du garçon. Sauf que le dernier cadeau va tout changer : Buzz l’Eclair devient très rapidement le jouet numéro 1.

« Toys » : Dans une chambre d’enfants, les jouets se sentent opprimés dans leur coin. Un garçon recoit un tout nouveau jouet pour son anniversaire. Celui-ci prend rapidement la place de Pino, le jouet favori du garçon. Il décide alors de partir et de ne plus revenir.

Les histoires sont très proches l’une de l’autre. Cependant si Pixar a un style visuel magnifique, ce n’est pas le cas de Dingo Pictures. Le dessin est approximatif, les perspectives ne sont pas respectées et les erreurs de raccords sont nombreux.

Les Pixar brésiliens.

Vídeo Brinquedo (Toyland Video) est une société brésilienne qui distribue les oeuvres plagiés de Pixar, Disney et Dreamworks. Plusieurs films des studios à la lampe ont ainsi été copiés.

Ratatoing est tiré de Ratatouille :

Le restaurant le plus raffiné de Rio de Janeiro a pour chef cuisinier…une souris. Tous veulent découvrir le secret du chef Marcell Toing, qui trouvent ses ingrédients grâce à trois souris.

affiche ratatoing

Os Carrinhos (The Little Cars) copie fortement de Cars :

Réchauffez les moteurs et préparez-vous à connaître Rodopolis, une ville où les voitures parlent et pensent comme les gens. Tout en cet endroit tourne autour de la vitesse et chacun pense seulement à la course.

little cars affiche

Robozinhos (Tiny Robots) s’inspire de WALL-E :

Dans un avenir éloigné, le peuple de la Terre a laissé la place aux robots. Ces robots ont plusieurs tâches et des obligations. A New Iron vit Trank, un modèle très désuet de robots. Mais quand le leader de la ville apparaît avec un plan épouvantable afin de dominer la planète, Trank est le seul robot capable de lui résister.

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What’s up : balloon to the rescue reprend le succès de Pete Docter avec Là-haut :

Docteur Crumb découvre une pierre magique qui transforme sa maison en montgolfière. Cette découverte permet au docteur et à ses compagnons de faire un long voyage. Jean-Pierre, un homme à l’esprit criminel, les détourne. Sans la pierre magique, le groupe va devoir pourtant réussir à s’en sortir.

what's up affiche

De la même manière que Dingo Pictures, même si Vídeo Brinquedo le fait en images de synthèse, l’animation est grossière et les textures sont peu travaillées. Elle a même devancé Pixar en proposant des suites à « Os Carrinhos », qui n’ont heureusement rien à voir avec Cars 2.

Le Là-haut français.

Quand en 2009 Pixar sort au cinéma Là-haut, des étudiants français de l’ESRA (Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle) trouvent en ce film une grande ressemblance avec leur court-métrage de fin d’année, Above then Beyond, créé en 2006.

Effectivement, des plans sont similaires entre le court et le long-métrage et le principe de la maison volante est identique. En revanche, le scénario de Là-haut a été écrit en 2004-2005, soit deux ans avant le court-métrage français. En 2004, l’idée du personnage de Carl Fredricksen est là et montre que le personnage date d’avant celui des étudiants de l’ESRA. En 2006, un artwork d’une maison coincée entre deux immeubles est présenté par Pixar.

là-haut affiche
là-haut affiche

Conclusion.

Il est facile de trouver dans le cinéma de nombreux films similaires dans leur scénario, cependant tout n’est pas forcément un plagiat. Certains créateurs en profitent pour porter des plaintes pour une ressemblance même infime ou fortuite, en espérant gagner de l’argent en procès.