Interview – Saschka Unseld, réalisateur de Le Parapluie Bleu.

-

Aujourd’hui s’ouvre le festival d’animation d’Annecy, l’occasion pour nous de vous diffuser notre interview de Saschka Unseld, le réalisateur de Le Parapluie Bleu.

Pixar Disney Saschka Unseld

Son parcours.

Comment êtes-vous arrivé à Pixar ?

Cela s’est fait de façon plutôt simple et banale. Je songeais à m’installer aux Etats-Unis ou au Canada, et je cherchais où je pourrais bien travailler ici.

Pixar m’est bien entendu venu à l’esprit, et par chance ils avaient un poste à pourvoir dans le département Camera et Mise et Scène.
J’ai postulé, j’ai passé un entretien téléphonique, puis un entretien sur place et on m’a offert le poste.

Vous avez réalisé des courts-métrages auparavant ( Strasse der Spezialisten en 2004, Olis Chance en 2006), en intégrant Pixar en tant que layout artist, espériez-vous réaliser un court-métrage d’animation ?

Non, à vrai dire. Lorsque j’ai décidé de m’expatrier de l’Allemagne, de quitter le Studio SOI, je pensais en avoir fini avec la réalisation. Je pensais essentiellement réaliser plus de projets artistiques et expérimentaux à côté. Mais l’envie m’a ensuite démangée de raconter une histoire dont je suis tombé sous le charme.

Le parapluie bleu.

Ce court se veut très photoréaliste, pourquoi ce choix ?

Ce choix s’est opéré, en réalité, assez tardivement. Cela s’est fait au cours du pitch. Une partie de mon pitch consistait à projeter une petite animation que j’avais réalisé, où j’avais filmé des visages en milieu urbain et les avais animés. La réaction de chacun à cette idée a été tellement étonnante, tellement magique, que nous avons commencé à évoquer l’idée de conserver ce sentiment de magie dans Le Parapluie Bleu.

Pixar disney le parapluie bleu the blue umbrella

Qu’est-ce qui est venu en premier pour réaliser ce court : le côté réaliste ou des parapluies comme personnages ?

Les Parapluies sont venus en premier. En fait, tout pendant l’écriture du scénario, je ne m’étais pas encore fixé sur un style visuel particulier. Tout tournait autour de l’histoire et ce qu’il y avait en son cœur.

D’où vous vient d’ailleurs cette idée d’amour entre deux parapluies ?

L’idée d’amour est venue de mon auto-interrogation sur ce que le court-métrage représentait à mes yeux. Ce que son histoire et ses protagonistes signifiaient pour moi. Le fait est que j’ai grandi en Allemagne, à Hambourg. Il pleut beaucoup là-bas, c’est un peu le Seattle allemand. Et aujourd’hui, maintenant que je vis en Californie où il ne pleut jamais, je me suis aperçu que la pluie me manquait beaucoup. Une grande ville, un soir de pluie, se métamorphose en un lieu si magnifique, si pittoresque et magique. Et j’ai commencé à penser qu’à mes yeux, une déclaration d’amour à la pluie devait constituer le cœur de l’histoire. Celle-ci devait célébrer la pluie. Et c’est de là que l’idée d’amour est venue. Car quelle meilleure histoire y a t-il à raconter dans un film qui soit une déclaration d’amour qu’une histoire d’amour ?

Pixar disney le parapluie bleu the blue umbrella

Depuis le début du cinéma d’animation, l’eau a été un élément très difficile à travailler. Avec Le Parapluie Bleu, était-ce un nouveau défi que vous vous lanciez ?

Oui, cela ne fait aucun doute. Mais ce qu’il y avait d’intéressant à ce propos, c’est que tout le monde aime relever des défis. Lorsque j’ai pitché le scénario et expliqué au département des effets spéciaux ce que je voulais faire avec la pluie, ils ont été on ne peut plus enthousiasmés. Parce que leurs effets n’allaient pas jouer un rôle secondaire dans l’histoire, ils sont au premier plan. Dans un sens, le film entier tourne autour de leurs effets. Pour moi, la pluie fait presque office de troisième personnage principal dans le film.

Pixar a souvent eu comme personnages des objets qui prenaient vie, cela a-t-il été compliqué de donner vie à des parapluies ? Avez-vous eu plusieurs idées pour les rendre vivant ou aviez-vous dès le départ une idée précise ?

Les parapluies ont été délicats à réaliser vu que ces derniers n’ont pas de visage à proprement parler. Tous les personnages urbains ont des visages sans que nous n’ayons eu à en intégrer artificiellement, mais ceci n’est pas le cas pour les parapluies. Nous avons donc décidé très tôt que nous ne voulions pas intégrer de visage qui fasse peu naturel sur les parapluies. Ce que nous avons décidé de faire à la place, c’est de styliser les visages le plus possible. Leur aspect devait paraître très classique, plus proche du style d’animation que faisaient Disney ou UPA à leurs débuts. J’adore ce contraste entre cet univers hyper moderne, ultra réaliste, et leurs visages qui sont d’une toute autre époque.

Pixar disney le parapluie bleu the blue umbrella

Que pouvez-vous nous dire sur le travail sonore de ce court-métrage ?

Lorsque Jon Brion, notre fabuleux compositeur, a visionné les toutes premières bobines, il a vraiment très vite compris l’idée et le défi que représentait l’écriture d’une musique pour une œuvre aussi courte. Le défi consiste à devoir être capable de modifier l’émotion et le rythme de la musique en un quart de tour. On ressent un si large éventail d’émotions pendant ce court-métrage, et la musique doit non seulement suivre cette évolution mais aussi donner l’impression de former un ensemble cohésif. John Brion a donc eu l’idée de trouver une mélodie à 5 notes hyper simple qui serait facile à jouer, joyeuse, triste, romantique, etc. C’est un peu l’ADN de la musique, et elle peut être apposée et changée en un instant.

Le Parapluie Bleu est présenté au célèbre festival d’Annecy. C’est sûrement un honneur pour vous mais n’est-ce pas aussi une grande inquiétude ?

Je suis surexcité à l’idée de retourner à Annecy. J’étais présent aux 5 dernières éditions avant de commencer chez Pixar, et bon nombre de mes films y ont été projetés en compétition et ont remporté des prix. Mais le fait de maintenant y ouvrir le festival et d’avoir réalisé un court-métrage signé Pixar, Pixar que j’avais toujours admiré comme étant les champions suprêmes de l’art narratif, est super excitant.

Le futur.

Travaillez-vous actuellement sur une future production Pixar ?
Je viens de finir de donner un coup de main sur le prochain Toy Story of Terror, et j’apporte actuellement mon aide sur le long-métrage Pixar qui sortira l’année prochaine : Le voyage d’Arlo.

Merci à Saschka Unseld et Pixar Animation Studios pour cette interview.

Read the interview in English

Pixar-Planet was able to interview Saschka Unseld, the director of The Blue Umbrella.

Pixar Disney Saschka Unseld

His career path.

How did you come to work for Pixar?

It was pretty straight forward. I was thinking about moving to the US or Canada and was looking at where I could work over here.
Of course Pixar came to mind and as luck had it they had a position open in Camera & Staging. I applied, went through a phone and then an on site interview and got the job offer.

You are known for having previously directed short films such as Strasse der Spezialisten in 2004 and Olis Chance in 2006. By joining Pixar as a layout artist, were you ever hoping to direct an animated short?

I actually didn’t. When I decided to move away from Germany, to leave Studio SOI, I though I was done with directing. I was mostly thinking of doing more art and experimental projects on the side. But then I got this itch to tell a story that I fell in love with.

The blue umbrella.

This short aims to be very photorealistic. Why did you make such a choice?

That choice came actually pretty late. It happened during the pitch process. Part of my pitch was showing a small animation I had done where I had filmed faces in the city and animated them. The reaction of everyone to this was so amazing, so magical, that we started to talk about maintaining this magical feeling in The Blue Umbrella.

Pixar disney le parapluie bleu the blue umbrella

What came first when you decided to make this short? The idea of giving it a realistic quality or that of featuring umbrellas as the main characters?

The Umbrellas were first. Actually during the whole process of writing the story I wasn’t yet set on a specific visual style. It was all about the story and the heart of it.

For that matter, where did this idea of a romance between two umbrellas originate?

The romance idea came from me asking myself the question of what the short means to me. What its story and its protagonists mean to me. The thing is I grew up in Germany, in Hamburg. It rains a lot there, it is kinda Germany’s Seattle. And now, with me living in California where it never rains, I realized that I really missed the rain. A city, on a rainy night, transforms in such a beautiful, colourful and magical place. And I started to think that for me the heart of the story is that it should be a love declaration to the rain. It should celebrate the rain. And that is where the idea for a romance came from. Because what better story to tell in a film that is a love declaration than a love story.

Pixar disney le parapluie bleu the blue umbrella

Ever since the early years of animation, water has been a highly tricky element to work on. Were you setting yourself a new challenge with “The Blue Umbrella”?

Yes, we definitely were. But the interesting thing about this is that everyone loves a challenge. When I pitched the story and what I wanted to do with the rain to the FX department they got super exited. Because their effects wouldn’t be a secondary thing to the story, their effects are front and center. In a way the whole film is about their effects. For me the rain is like a third main character in the film.

Pixar has often featured objects that come to life as its characters. Was instilling life into umbrellas a complicated process? Did you have several ideas in mind to that end or did you have a set idea right from the beginning?

The umbrellas were tricky since they don’t have natural faces. All the city characters have faces in them without us having to force one in but the umbrellas dont. So we decided early on that we don’t want to force a face into the umbrellas. What we decided to do instead was to have the faces as stylized as possible. They should feel very classical, more along the style of early Disney or UPA style animation. I love this contrast between the super modern ultra realistic world and their faces that come out of a completely different period.

Pixar disney le parapluie bleu the blue umbrella

What can you tell us about the work that has been done on this short’s soundtrack?

When Jon Brion, our amazing composer, saw the very early reels he really quickly got the concept and the challenge of writing a score for something this short. The challenge is that you need to be able to change the emotion and the pace of the music on a dime. We go through so many different emotions in the short and the score has to not only keep up with this but to feel like one cohesive whole. So Jon Brion came up with this idea if finding a super simple 5 note melody that would be easy to play happy, sad, romantic etc. It is kindof the DNA of the music and can be applied and switched in an instant.

The Blue Umbrella is being presented at the famous Annecy International Animated Film Festival. You must surely feel honoured but does it not also make you feel very nervous in some way?

I am super exited to go back to Annecy. I was always there for the last 5 years before I started at Pixar and I had multiple films run there in competition and win prices. But to now open the festival there and to have directed a Pixar short film that before I always looked up to as the ultimate storytelling league is super exiting.

The future.

Are you currently working on an upcoming Pixar production?
I just finished helping out a bit on the upcoming Toy Story of Terror and am now helping on next years Pixar feature The Good Dinosaur.

Thanks to Saschka Unseld and Pixar Animation Studios for this interview.

[collapse]